Commentaire de l’Écriture, La Croix, 6ème dimanche du temps ordinaire, année A

Si 15, 15-20
Ps 118 (119), 1-2, 4-5, 17-18, 33-34
1 Co 2, 6-10
Mt 5, 17-37

Partageons la parole de Dieu avec les sœurs du carmel de Frileuse, situé dans l’Essonne, à la charnière du Grand Paris et de la Beauce.

Comprendre

Le terme de justice appliqué à Dieu ou à l’homme dans son rapport à Dieu est un terme piégé par sa connotation légaliste. Certes, il comporte un élément de relation à la Loi de Dieu, mais celui qu’on nomme « le seul Juste », c’est Jésus, parce qu’il participe de la justice même de Dieu. Or comment Dieu a-t-il exprimé concrètement sa justice ? Si l’on se réfère à la première lecture de ce dimanche, on note d’abord la liberté de choix : Dieu est juste en nous éclairant sur les conséquences des choix que nous posons, puis en les respectant. Si l’on pense au récit de la chute dans la Genèse, on voit que Dieu, après avoir averti l’homme des conséquences d’une transgression, puis, après l’avoir constatée, prend soin des pécheurs en les revêtant d’une tunique de peau. Ce souci de Dieu pour l’homme parcourt ensuite toute l’histoire d’Israël. Les fautes de l’homme ont des conséquences, mais la justice de Dieu n’est pas fondamentalement punitive. Elle éduque l’homme et lui ouvre un chemin de vie. Sa justice se traduit donc en miséricorde, car son désir est d’amener l’homme à partager sa gloire (1 Co 2, 7), c’est-à-dire sa vie.

Méditer

Dans la Mishna, écrit qui fait autorité dans le judaïsme, il est écrit : « Faites une haie à la Torah. » En clair, si le Décalogue est au cœur de la Loi, le respecter demande à ce que nous veillions très en amont sur notre attitude profonde, car elle seule permet de respecter ce qu’il énonce.

Jésus, dans ce passage de saint Matthieu, pointe du doigt l’importance de certains interdits. Il va plus loin : il révèle la parenté profonde entre les méfaits réprouvés dans la Loi et les attitudes de tous les jours qui ont les mêmes racines.

Jésus est venu nous révéler le désir de Dieu de nous rendre participants de sa vie, de son amour. Il s’efforce de nous faire comprendre que des fautes courantes qui nous paraissent mineures sont en opposition avec la miséricorde de Dieu et nous éloignent du chemin qui nous ouvrirait le Royaume. Jésus insiste pour que nous réagissions contre ces tendances qui nous centrent sur nous-mêmes : là où Dieu prend soin de l’autre, nous cherchons notre satisfaction. Comme Il est la source de l’amour, nous nous coupons de cette source. Comment Dieu pourrait-il agréer les offrandes que nous désirons lui faire si la relation qui doit les motiver perd sa vérité. C’est pourquoi il faut nous réconcilier pour répondre à l’Alliance que Dieu a fait avec nous par le baptême.

Le lien entre relation à Dieu et relation à l’autre a une autre dimension : celle de la contagion des attitudes et des actes que nous posons. Nous apprenons par les médias qu’il y a des escalades d’injures et des actes de malveillance et que cela détruit la cohésion sociale, mais nous ne nous rendons pas toujours compte du fait qu’une attitude violente, même verbalement, peut entraîner l’autre sur un chemin de violence.

Il y a une cohérence à garder, celle de la vérité de notre attitude avec l’autre et de la vérité de la relation que nous voulons vivre avec Dieu. Peut-être est-ce cela que notre « oui » soit « oui », que notre « non » soit « non ».

Prier

Sois béni, Seigneur, toi qui as poussé jusqu’à l’extrême les conséquences de ton amour en te livrant aux hommes sans réserve.

Sois béni de nous offrir de participer à ta vie en nous montrant que le chemin qui y mène est celui de l’amour.

Pour nous, c’est impossible, mais à toi, rien n’est impossible.

Donne-nous la confiance de nous tourner vers ta miséricorde pour recevoir de toi le courage et la joie d’aimer à notre tour.