Commentaire de l’Ecriture, La Croix, 5ème dimanche du temps ordinaire, année A

Is 58, 7-10
Ps 111 (112),.4-5, 6-7, 8a.9
1 Co 2, 1-5
Mt 5, 13-16

Partageons la parole de Dieu avec une sœur apostolique de Saint-Jean à Brest.

Comprendre

La vie chrétienne serait-elle un show et les chrétiens des divas ? Car ce sont les stars qui brillent devant les hommes, n’est-ce pas ? Dans un contexte où il n’est plus à prouver que les croyants ne sont humainement pas meilleurs que les autres, comment peut-on légitimer et comprendre cette parole de Jésus ? La réponse tient en un mot, la grâce ; et en une attitude, la conversion permanente. Le Christ est la lumière du monde. Greffé sur Lui par le baptême, le chrétien devient dépositaire de cette lumière et est responsable de la diffuser à travers sa vie. L’enjeu pour lui est alors d’user à temps et à contretemps, dans son humanité fragile, de la puissance de la résurrection de Jésus qui habite en lui, pour la laisser œuvrer. Chrétiens, ne nous cachons pas ! Ayons foi en Jésus, plus vivant et plus puissant que tous nos cancers larvés. Alors, comme malgré nous, par nos vies confiées à sa miséricorde, il « attire à Lui tous les hommes » (Jn 12, 32) et fait des merveilles.

Méditer

Le sel est ce condiment qui permet aux aliments de dévoiler leur saveur. La lumière, quant à elle, permet de discerner les formes, de nous diriger et donc d’agir aisément ; elle donne l’éclat d’un paysage, souligne son relief et distille son énergie.

À travers ces deux comparaisons, Jésus désigne la grandeur de la grâce chrétienne et nous interroge : sommes-nous conscients de notre dignité et de la responsabilité qu’elle incombe ? Par le baptême, notre vie est à jamais unie à celle du Christ Jésus si bien que saint Paul dira que nous ne sommes plus qu’un seul être avec Lui (1 Co 6, 17).

Ce trésor, précise-t-il ailleurs (2 Co 4, 7), nous le portons dans des vases d’argile, souvent bien fêlés. Ces brisures ne changent rien au fait que le chrétien porte en lui le sens de toutes choses, la saveur de la vie éternelle, le rayonnement de cette vie divine. Le relativisme de la postmodernité se rend bien souvent coupable, il est vrai, d’empêcher l’homme contemporain de goûter ces saveurs spirituelles ; pourtant, ne donnent-elles pas sens aux choses les plus insignifiantes ? La métaphore de la lumière vient ainsi compléter celle du sel. Car qui peut se passer de la lumière ? Même ceux qui la refusent en ont besoin pour poursuivre le chemin. Elle ne s’impose pas, jamais. Mais elle fait plus que se proposer : elle profite de la moindre brèche ou ouverture pour se faufiler. Les textes de ce jour soulignent cette chose étrange : ce n’est pas par les discours que la lumière, c’est-à-dire la vérité, se propage. Mais par la bonté. Et c’est ainsi que nous retrouvons les forces nécessaires pour le chemin ! « Partage »« accueille »« couvre »« ne te dérobe pas »… « alors ta lumière jaillira comme l’aurore et tes forces reviendront vite ». Esprit de Lumière et d’Amour, inspire nos actes, fortifie notre volonté afin qu’en voyant ce que nous faisons de bien, tous rendent gloire à Dieu notre Père.

Prier

Comme une bougie ne peut donner de la lumière que si elle se laisse consumer par la flamme, viens, Jésus, brûle-moi ! Même si cela peut parfois signifier sacrifice et renoncement : donne-moi de ne pas craindre de perdre quelque chose et de rester à la fin les mains vides. Donne-moi le courage de mettre mes talents et mes qualités au service du Règne de Dieu et de me donner moi-même – comme la cire d’une bougie – afin que par moi le Seigneur illumine l’obscurité. Que dans mes yeux et mon cœur brille l’amour du Christ afin que je porte sa lumière au monde. Amen.

(D’après un discours de Benoît XVI aux jeunes, 24 septembre 2011.)