Commentaire de L’Ecriture, La Croix, Baptême du Seigneur, année A

Is 42, 1-4.6-7
Ps 28 (29), 1-2, 3ac-4, 3b.9c-10
Ac 10, 34-38
Mt 3, 13-17

Partageons la parole de Dieu avec sœur Bénédicte Rollin, de la communauté des religieuses de l’Assomption de Vilnius (Lituanie)

Comprendre

« L’Esprit comme une colombe ». La représentation de l’Esprit comme colombe est habituelle, d’autant que le Souffle de Dieu est par essence invisible (sinon par son action, comme le vent) et donc nous n’avons guère d’autres ressources pour le représenter visuellement. Cependant, ici, le mot « comme » modifie non le mot Esprit mais le verbe « descendre ». On ne trouve en effet nulle part dans le judaïsme le symbole de la colombe pour désigner l’Esprit, mais certains textes rabbiniques comparent Son mouvement à celui d’une colombe « voletant au-dessus de ses petits de tout près, mais sans les toucher », ce qui rappelle le récit de la Création où l’Esprit plane au-dessus des eaux primitives. Le symbole ici évoque donc l’action de l’Esprit – altérité et proximité, discrétion, douceur, amour.

Méditer

Le texte est court ; c’est un récit simple et paisible qui fait contraste avec le contexte immédiat : avant, il y a la prédication abrupte, violente même, de Jean Baptiste annonçant le jugement par le feu (trois fois évoqué : 3, 10.12) ; après, il y a le combat de Jésus contre l’Ennemi dans l’âpreté du désert.

Ici, après le bref échange entre Jésus et Jean, nous sommes soudain introduits dans l’espace d’une rencontre d’une très grande douceur. Jésus dit à Jean : « Laisse faire maintenant », et voici que la justice annoncée par le Précurseur s’accomplit dans un laisser-faire, un abandon du Fils à l’amour du Père dans l’Esprit. Prenons le temps de nous tenir dans le lieu de cette rencontre, à regarder, à écouter le dialogue entre le Père et le Fils dans la douceur de l’Esprit.

Le Fils est entré dans l’eau de la mort, cette eau où il « baigne » dans le péché de ses frères et sœurs en humanité, cette eau qu’il sanctifie. C’est quand il a accompli ce geste de totale solidarité que le ciel s’ouvre. Le ciel qui s’ouvre est une métaphore du prophète Isaïe signifiant l’intervention tant attendue de Dieu venant à la rencontre de son peuple et se réconciliant avec lui (Is 63, 19).

Ici, la rencontre se passe entre le Père et Celui qui s’est identifié au peuple pécheur. Sur Lui, le Fils, repose « tout l’amour » du Père, l’amour-miséricorde-fidélité dont parle l’Ancien Testament (hesed, hanan, emet). Tout cet amour est en Lui. Notre regard scrute alors Jésus dans l’Évangile pour découvrir comment cet amour divin infini, inimaginable, incompréhensible, se révèle en lui, dans un corps, des gestes, des mots, une mort d’homme. En retour, Jésus regarde, et il voit les cieux s’ouvrir et l’Esprit descendre, il entend la voix du Père, les mots qui lui sont adressés : « Mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir… » Entrons dans le regard de Jésus et dans son écoute. Goûtons avec lui ce choix aimant du Père, la bénédiction de l’Esprit qui descend sur lui.

Mais ce qui est dit ici ne concerne pas seulement le Fils unique, car il est le « Premier-né d’une multitude » de frères et sœurs et il nous donne le pouvoir de devenir enfant de Dieu comme lui. Laissons-le donc nous inviter à entrer dans cette intimité trinitaire. N’est-ce pas cela qui nous est réellement arrivé le jour de notre baptême ? Revenons en ce jour à cette inépuisable grâce baptismale, laissons-la sourdre et irriguer tout notre être encore aujourd’hui.

Prier

Jésus, sois béni
de t’être fait notre frère,
l’Agneau de Dieu
qui porte nos péchés.
Par ta descente dans
notre mort, tu nous ouvres
la vie des enfants du Père.
Tu fais de la bienheureuse
communion trinitaire
notre demeure. Accorde-nous
de nous y tenir avec toi
dans l’émerveillement.