Paroisse Saint Martin de la Plaine de ValenceSalvum me fac Deus – « Seigneur, sauve-moi ! »
L’art a beaucoup à nous apprendre… Le mot enluminure vient du latin « illuminare » qui signifie «illuminer» un texte, le mettre en valeur, et souvent, lui ajouter des éléments symboliques. L’essentiel n’est pas le réalisme, mais l’éclairage spirituel, la «mise en lumière» de la phrase.
En utilisant les matériaux historiques (parchemin, pigments naturels, feuille d’or), mais aussi l’esthétique médiévale, je m’inscris dans la continuité de cet art médiéval.
L’œuvre que je souhaite vous présenter est une création de taille moyenne (16 x 18 cm), avec pigments et or en coquille sur parchemin de chèvre.
Il s’agit du début du psaume 68 en latin : « Salvum me fac Deus », Seigneur, sauve-moi ! C’est un psaume de pénitence très poignant, qui a souvent été mis en scène dans divers arts (peinture, enluminure, musique). Cet émouvant cri de l’homme en détresse vers Dieu a été associé au Moyen Âge à celui du pécheur suppliant Dieu de sauver son âme. En hébreu ancien (la langue d’origine des psaumes), il existe peu de vocabulaire pour les sentiments. Le psalmiste utilise donc des images très concrètes pour exprimer son tourment : « les eaux montent jusqu’à ma gorge / pénètrent jusqu’à mon âme ». Ainsi, à l’instar des nombreux artistes médiévaux, j’ai rapproché ce psaume de l’histoire de Jonas, avalé par une baleine, et qui, après avoir prié pendant trois jours et s’être repenti de son péché, fut relâché sur la rive.
La baleine, monstre marin médiéval par excellence, se prête à merveille à la forme de la majuscule « S ». Jonas sort de l’animal, nu comme un nouveau-né, revenu à sa pureté originelle par la Grâce de Dieu. Pour appuyer le fait que c’est le Christ qui sauve, j’ai ajouté une croix, à laquelle Jonas tente de s’accrocher, tout en se contorsionnant pour échapper à la gueule de l’animal.
Ainsi, dans le malheur causé par nos péchés, nos manquements, Dieu ne nous oublie pas. S’il nous faut passer par l’épreuve du désert, du Carême, du remords, nous pouvons toujours, comme le psalmiste il y a des siècles, être certains que Dieu nous veut sains et saufs, corps et âme. Il nous suffit de nous souvenir de lui, d’avoir confiance en son secours.
Marie NUEL
Enlumineuse professionnelle à Valence