Dimanche des Rameaux et de la Passion

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur  » (Lc 19, 28-40). Tel est le cri d’allégresse que nous entendons à chaque célébration des Rameaux. Mais que célébrons-nous ?

Et qu’évoquent ces rameaux  ? De prime abord, à travers la célébration liturgique des Rameaux, nous faisons mémoire de l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem. Alors qu’il entre à Jérusalem pour y subir sa Passion, Jésus est proclamé, roi, messie. De fait, les foules le sentant à portée de main, l’acclament.

Et en signe de bienvenue et de joie, les  foules  qui  se  pressaient  autour  de  lui  déposèrent  devant  les  pas  de  l’âne  qui  le transportait, leurs vêtements pour certains, des branches d’arbres pour d’autres. (Mt 21,1  –  9, Mc 11,1  –  10, Lc 19, 28  –  40, Jean 12, 12  –  15). Mais la célébration des Rameaux marque, comme nous le savons, le commencement de la Semaine Sainte, cette semaine terrible nous conduisant au tombeau vide. Ainsi en célébrant les Rameaux, nous commençons, pour ainsi dire, une médiation très intense de la souffrance, de l’agonie et de la mort physique de Jésus sur la croix. D’ailleurs dans notre tradition catholique, ce dimanche où nous célébrons les Rameaux est appelé : « Dimanche des Rameaux et de la Passion ».

L’interrogation quasi quotidienne du chrétien vis-à-vis de la souffrance, de la maladie, et peut-être aussi vis à-vis de la longue crise du Covid-19 semble rejoindre le cri de Jésus sur la croix. Allusion est faite ici au cri de Jésus que nous retrouvons dans la longue lecture de la Passion selon saint Luc : «  Mon  Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné  ?  »  Cette plainte et ce cri vont résonner pendant toute la semaine comme un écho qui nous vient du fond des âges. Le psalmiste a résumé, pourrait-on dire, les prières des malheureux de tous les temps y compris notre situation actuelle. Ce cri sur les lèvres de Jésus rappelle toutes nos prières et les combats que nous vivons quotidiennement pour toucher le cœur de Dieu. La mort de Jésus vraisemblablement injuste, sa souffrance imméritée sont déconcertantes voire incompréhensibles pour le chrétien. Car comment et pourquoi le juste par excellence souffle-t-il dans les mains des injustes  ? Mais en entrant librement à Jérusalem, Jésus donne le sens ultime de sa mort. Il nous faut en effet comprendre à travers la célébration des Rameaux que, dans ce qui va advenir à Jésus, ce n’est ni une surprise, ni une quelconque victoire du mal sur le bien ni le succès d’un complot savamment orchestré

contre Jésus. Par son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus entend signifier que sa vie «nul ne la prend  » mais que c’est  lui  qui  «  la  donne  »  pour  le  salut  de  l’humanité  (cf  Jn  10,18).   C’est  pourquoi  même  si  la  célébration  des Rameaux passe très vite de la gloire à la Passion où  les extrêmes de la joie et de la souffrance passent l’un dans l’autre, il nous faut appréhender la célébration des Rameaux comme l’expression de l’amour du Christ pour le monde qu’il a tant aimé. Car il s’agit de sauver cette humanité à travers son sacrifice de la croix.

 

Père DJIWA F. B-M. Syméon