Commentaire de l’Écriture La Croix, 3ème dimanche du temps ordinaire, année A

Is 8, 23b – 9, 3
Ps 26 (27), 1, 4abcd, 13-14
1 Co 1, 10-13.17
Mt 4, 12-23

Partageons la parole de Dieu avec Nicolas Morin, de la fraternité franciscaine de Besançon (Doubs).

Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent. Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

 

Comprendre

Dans sa lettre apostolique Misericordia et misera publiée le 20 novembre 2016 en conclusion du jubilé extraordinaire de la miséricorde, François exprimait son souhait qu’un dimanche de l’année soit dédié à la parole de Dieu. « Il serait bon qu’un dimanche de l’année liturgique chaque communauté puisse renouveler son engagement à diffuser, faire connaître et approfondir l’Écriture Sainte (…). Chaque dimanche, la parole de Dieu est proclamée dans la communauté chrétienne pour que le Jour du Seigneur soit éclairé par la lumière qui émane du mystère pascal. Dans la célébration eucharistique, c’est comme si l’on assistait à un vrai dialogue entre Dieu et son peuple. De fait, dans la proclamation des lectures bibliques, on parcourt à nouveau l’histoire de notre salut à travers l’annonce qui est faite de l’incessante œuvre de miséricorde. Dieu nous parle encore aujourd’hui comme à des amis ; il s’entretient avec nous pour nous accompagner et nous montrer le chemin de la vie. » C’est ce troisième dimanche du temps ordinaire qui a été choisi pour célébrer le dimanche de la parole de Dieu.

Méditer

La vie publique de Jésus commence par une rupture : il quitte sa famille et son village. « À Nazareth, la famille est tout : le lieu de naissance, une école de vie et la garantie d’un travail. En dehors du clan familial, l’individu est sans protection, sans sécurité. Dans ces conditions, abandonner sa famille d’origine est une décision surprenante, pleine de risques. Et pourtant, c’est la décision que Jésus a prise un jour » (1).

Jésus ne rejoint pas Jérusalem, où le Temple est le cœur battant du judaïsme. Il se rend à Capharnaüm, petite ville populaire du bord du lac de Tibériade. La voie romaine reliant la Syrie à la mer passe par la Galilée, faisant de cette région un « carrefour des nations ».

Jésus sort de son village pauvre mais solidaire pour se risquer au grand vent de la relation. Sur les routes, il va croiser des personnes qui se reconnaissent en lui, plus ou moins en rupture avec leur communauté d’origine, considérées comme impures aux yeux de la Loi : pécheurs publics, malades, possédés… Ils sont coupés de la Source même dont ils ont tant besoin.

Et voilà qu’en Jésus, la Source d’eau vive vient à eux, partageant leur vie : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. » Ils sont retournés par cette nouvelle : la miséricorde vient au-devant de leur misère. Cette dernière n’est plus source de condamnation ou d’exclusion mais le lieu même où la grâce fait irruption dans leur vie.

Jésus leur offre une nouvelle famille ouverte à tous les hommes et femmes désireux d’écouter la parole de Dieu et de la mettre en pratique. Les guérisons et les exorcismes que Jésus opère rétablissent la communion avec le Père des cieux.

Jésus n’est pas un gourou travaillant à son compte. Dès le début, il appelle des disciples-missionnaires. Il ne va pas les chercher au sein de l’élite civile ou religieuse. Il appelle des gens du peuple, des pêcheurs. La seule condition, c’est de quitter « leur barque et leur père », de s’ouvrir à leur tour à une famille plus large que leur cercle d’origine afin d’être témoins de cette nouvelle Alliance offerte à tous.

Prier

Seigneur Jésus, tu crois assez en nous pour nous appeler à partager ta mission. Donne-nous de savoir quitter nos cercles étroits d’appartenance pour nous risquer au grand vent de la relation. La Galilée, c’est notre monde. Aujourd’hui, Jésus, tu nous dis : « Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. »

(1) Jésus. Approche historique, José Antonio Pagola, coll. « Lire la Bible » n° 174, Cerf, 2012.